21 août 2023
C’est dans un contexte mondial d’appauvrissement des sols qu’est apparue dans le vocabulaire anglo-saxon la notion de “régénération des sols”. Le terme “agriculture régénératrice” a commencé à se développer dans les années 2010 mais ne s’est diffusé à l’échelle mondiale qu’à partir de 2018-2019. Toutefois, dès 2017, en France, Danone lançait le programme “Les 2 Pieds sur Terre” pour diffuser les pratiques d’agriculture régénératrice dans les élevages et réduire leur empreinte carbone.
Remarque : certaines personnes utilisent le terme “agriculture régénérative” au lieu d’agriculture régénératrice. Il s’agit d’un anglicisme provenant du terme anglo-saxon "regenerative agriculture".
La vie du sol est au cœur des préoccupations de ce type d’agriculture. En effet, contrairement aux méthodes conventionnelles qui peuvent épuiser les sols et les ressources, l'agriculture régénératrice met l'accent sur la restauration des sols, sur la biodiversité ainsi que sur la résilience des sols aux aléas climatiques.
Ainsi, d’après l’association à but non-lucratif Regeneration International, les pratiques agricoles dites “régénératrices” :
L’agriculture régénératrice repose sur 5 piliers clés :
Ces piliers reflètent principalement les principes de l’agriculture de conservation des sols et s’appliquent à tous types de productions (grandes cultures, élevage, viticulture, arboriculture, maraîchage)
La couverture maximale des sols consiste à ne pas laisser les sols agricoles “nus” au moment de l’interculture, c’est-à-dire après la récolte d’une culture et avant le semis de la culture suivante. Cette couverture des sols peut se faire via la restitution des résidus de cultures (par exemple les pailles du blé après la moisson que l’on laisse sur le champ) ou via le semis de cultures intermédiaires appelées couverts végétaux. Les couverts végétaux sont souvent composés de plusieurs espèces telles que la féverole, la moutarde ou encore la phacélie et permettent non seulement de fixer l’azote mais également d’améliorer le bilan humique d’une exploitation : plus de biomasse rentre dans l’humus grâce aux cultures intermédiaires, et donc plus de carbone est stocké. Bien que n’apportant pas de revenus directement à l’agriculteur, ces couverts végétaux ont donc de nombreux intérêts pour les sols agricoles et pour l'agriculteur.
Diversifier et allonger les rotations culturales permet de réduire la pression exercée par les parasites et équilibrer l’écosystème du sol. Qui dit moins de parasites, d’insectes ou d’adventices (aussi appelés “mauvaises herbes” dans le langage courant) dit moins d’utilisation de pesticides / produits phytosanitaires pour lutter contre ceux-ci. De plus, une rotation diversifiée des cultures améliore également la structure du sol en diversifiant la longueur des zones d’enracinement, ce qui favorise l’infiltration de l’eau. Des cultures différentes ayant des besoins et des déchets nutritifs divers favoriseront un écosystème du sol équilibré et plus résilient. On parle de rotation diversifiée quand celle-ci dure au minimum 4-5 ans. Cela implique d’avoir des débouchés pour chaque culture de la rotation et une réflexion agronomique approfondie au moment de la définition de la rotation !
La réduction du travail du sol permet de limiter son appauvrissement. En agriculture, le travail du sol est principalement utilisé pour lutter contre les adventices et les ravageurs. Toutefois le labour traditionnel qui consiste à retourne la terre sur les 20-30 premiers centimètres mène à une dégradation du sol en détruisant le système racinaire et provoquant des pertes de matière organique. L’agriculture régénératrice a pour objectif d’éviter les perturbations mécaniques du sol en laissant faire les cycles naturels des plantes. Elle préconise de travailler uniquement les premiers centimètres du sol (0 à 10 cm) ou d’avoir recours au semis direct. Cette technique consiste à déposer la graine à 1-2 cm de profondeur sans opération de travail du sol préalable.
Afin de fertiliser leurs cultures, les agriculteurs peuvent apporter des engrais organiques (compost, fumier, lisier ou encore digestat de méthanisation), à la place des engrais de synthèse. L’intérêt est double :
L’agroforesterie consiste à associer des arbres avec des cultures ou de l'élevage sur une même parcelle. Ce mode de production nécessite d'importantes connaissances agronomiques mais présente de nombreux avantages : diversification et amélioration de la production au niveau de la parcelle, amélioration de la fertilité des sols par l’apport en biomasse, renforcement des capacités de stockage de l’eau par les sols, préservation de la biodiversité, stockage du carbone…
En plaçant le sol au cœur des préoccupations des agriculteurs, l’agriculture régénératrice fournit à court, moyen et long-terme de nombreux bénéfices. Elle :
La transition vers des pratiques agricoles dites “régénératrices” peut être un défi pour les agriculteurs habitués aux méthodes conventionnelles. Ils doivent apprendre de nouvelles techniques, ajuster leurs cycles de culture, investir dans de nouveaux matériels agricoles (exemple : semoir de semis direct, strip-till) et gérer les périodes de transition où les rendements peuvent baisser. Cette période de transition est estimée en moyenne à 3-5 ans et c’est au cours de cette période que les agriculteurs doivent être accompagnés sur le plan technique et financier. Sans cette accompagnement, la diffusion de ces pratiques se fera à un rythme trop lent ce qui ralentira la transition écologique de l’agriculture.
Pour engager le maximum d’agriculteurs il est primordial de leur fournir le bagage technique pour réussir leur transition vers l’agriculture régénératrice via des programmes de formation et d'accompagnement. Les entreprises de l’écosystème agroalimentaire, les associations et les start-ups AgriTech peuvent jouer un rôle en fournissant ces ressources éducatives et ce soutien technique.
Les industriels agroalimentaires peuvent aider les agriculteurs de leur chaîne d’approvisionnement dans leur transition en valorisant leur production par le biais d’une prime filière (exprimée en € par tonne de matière produite, par exemple 40€ par tonne d'orge). L’autre mécanisme de soutien financier intéressant pour l’agriculture régénératrice consiste pour une entreprise, qu’elle soit du secteur agroalimentaire ou non, à rémunérer le service écologique rendu par l’agriculteur via un mécanisme de crédits carbone. Chaque tonne de CO2 équivalent séquestrée ou non émise par l’agriculteur sur son exploitation étant rémunérée par l’entreprise au moyen d’une contribution carbone. C’est comme si l’agriculteur avait une nouvelle culture - “la culture du carbone”. Si vous souhaitez en savoir plus sur la contribution carbone, lisez notre article : "Qu’est ce que la contribution carbone et quelle différence avec la compensation carbone ?"
L'adoption de l'agriculture régénératrice est en croissance dans la majorité des régions du globe en raison de sa pertinence pour la durabilité environnementale et la sécurité alimentaire. Toutefois celle-ci reste marginale par comparaison à l’agriculture conventionnelle. En France, l’APAD estime que seules 3% des exploitations en grandes cultures pratiquent l’agriculture de conservation des sols (ACS).
C’est pour accélérer le déploiement de l’agriculture régénatrice en France que nous avons créé ReSoil afin d’apporter un soutien agronomique et financier aux agriculteurs lors de leur transition. L’offre de ReSoil s’inscrit dans le cadre du Label bas-carbone, le label créé par l’Etat français pour financer des projets de contribution carbone en France.
Nous avons l’intime conviction que ce type d’agriculture peut à la fois nous permette de lutter efficacement contre le changement climatique, restaurer les écosystèmes et la biodiversité et jouer un rôle clé pour la sécurité alimentaire mondiale en permettant de produire d’avantages d’aliments, grâce à une meilleure résistance aux aléas climatiques, tout en préservant les ressources naturelles à long terme.
L'agriculture régénératrice peut se combiner efficacement avec d'autres approches durables telles que l'agroforesterie, la permaculture et l'agriculture biologique, créant ainsi des systèmes agricoles encore plus résilients et diversifiés.
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