Compensation carbone entreprise : 6 bonnes raisons de financer des puits de carbone agricoles grâce au Label bas-carbone

29 février 2024

par
Luc

Introduction

Tout part d’un constat. D’après l’ADEME moins de 1% des crédits carbone achetés en 2022 par des entreprises françaises ont financé des projets dans l’agriculture. Alors que près de 90% des projets financés concernaient des projets en énergies renouvelables ou forestiers souvent à l’autre bout du monde.

Dans la suite de cet article nous vous détaillerons 6 bonnes raisons qui, selon nous, font qu’à l’avenir le financement de puits de carbone agricoles notamment dans le cadre du Label bas-carbone devrait représenter une part plus grande des crédits carbone achetés par les entreprises françaises dans leur stratégie de contribution carbone.

Mais avant cela quelques rappels s’imposent :

L’achat de crédits carbone se fait dans le cadre d’une démarche de contribution carbone.

La contribution carbone est une démarche volontaire d’un financeur (entreprise, collectivité, particulier, etc.) qui finance via l’achat de crédits carbone un projet de réduction et/ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre en dehors de sa chaîne de valeur.

Pourquoi parle-t-on de contribution carbone et non pas de compensation carbone ?

  • Historiquement le mot compensation carbone était le plus employé, mais il a été noté qu’il donnait l’impression que financer des projets permettait de compenser, et donc “d’annuler” les émissions d’une entreprise. Ce serait comme un "droit à polluer", alors que ce n’est pas le cas ! Toutes les entreprises qui laissent entendre cela dans leur communication font ce qu’on appelle du “greenwashing” et s’exposent désormais à des sanctions. L’ADEME s’oppose ainsi à la terminologie “entreprise neutre carbone”.
  • Avant de se lancer dans une stratégie de contribution carbone, une entreprise doit avoir réalisé son bilan carbone (scope 1,2 et 3 de préférence), identifié des leviers de décarbonation afin de réduire son empreinte carbone et défini une feuille de route pour leur mise en place. Bien qu'il est recommandé qu'elle se fasse en parallèle de la réduction des émissions, la contribution carbone ne doit pas venir « compenser » l’absence de réduction d’émissions au niveau de l’entreprise.


A présent, rentrons dans le vif du sujet 👇

Raison #1 : Le Label bas-carbone, un cadre de référence pour la compensation carbone ou contribution carbone en France

Le Ministère de la transition écologique a créé en 2018 un nouveau label, le Label bas-carbone. Ce label est recommandé par l’ADEME pour tous les projets de réduction ou de séquestration d’émissions sur le territoire français. Il permet de générer des projets locaux, pour plus de transparence, et rassure les acheteurs comme les entreprises avec un cadre de certification fiable et basée sur des méthodes robustes scientifiquement.

Logo du Label bas-carbone
Logo du Label bas-carbone

La méthode Grandes Cultures du Label bas-carbone est spécifique aux cultures telles que les céréales, oléagineux, protéagineux, légumes de plein champ, pommes de terre, betterave, lin, chanvre etc…

Celle-ci a été a rédigée par les principaux instituts de recherche scientifique du secteur (INRAE, Arvalis), et validée par l’ADEME et l’INRAE. Pour une transparence totale les détails des calculs de cette méthode sont disponibles en open-source sur le site du Label bas-carbone

Cette robustesse scientifique du Label bas-carbone est aussi relevée dans l’étude des standards de compensation commanditée par l’Etat français dans le cadre de la Loi Climat & Résilience et réalisée par le cabinet de conseil iCare.

Raison #2 : Les puits de carbone agricoles : le plus gros potentiel de stockage de carbone dans les sols d’après l’INRAE

En France, quand on parle de puits de carbone on pense naturellement aux forêts qui parsèment l'Hexagone. Grâce à la photosynthèse, celles-ci ont absorbé de l’atmosphère ~28Mt équivalent CO2 en 2021. Toutefois, à la suite des dernières estimations des professionnels de la filière, les capacités d’absorption de la forêt française sont estimées en forte baisse à 12 Mt équivalent CO2 par an en moyenne sur la période 2020-2050.

Cette baisse importante des capacités de stockage de la forêt s’explique par :

  • l’augmentation de la mortalité des arbres (maladie avec la crise des scolytes et incendie comme ceux de l’été 2022) ;
  • la réduction de la croissance des arbres en raison des épisodes de sécheresse liés au réchauffement climatique ;

En parallèle dans son rapport publié en 2019 intitulé initiative 4p1000, l’INRAE montre que via des évolutions de pratiques les terres agricoles françaises pourraient absorber de l’atmosphère et stocker ~21 Mt équivalent CO2 additionnelles dans les sols agricoles. Et que 86% du stockage de carbone additionnelles concerne le secteur des Grandes Cultures. A date, les sols agricoles en Grandes Cultures s’appauvrissent et « déstockent » du carbone chaque année (~8 Mt éq. CO2) comme détaillé dans l’article sur ce sujet.

Pour transformer les sols agricoles en Grandes Cultures en puits de carbone, il faut faire évoluer les pratiques agricoles pour transitionner vers une agriculture régénératrice avec une couverture maximale des sols - permettant là aussi l'action de la photosynthèse, une réduction du travail du sol et un apport d’engrais organiques.

Mais cette transition vers une agriculture régénératrice représente un coût important pour les agriculteurs qui ne peuvent la supporter entièrement eux-mêmes. Ainsi le financement des évolutions de pratiques via les crédits carbone avec obligation de résultat fait partie d’un des principaux mécanismes de financement de la transition agricole.

Raison #3 : Au-delà d'une simple compensation carbone, une contribution carbone avec un impact favorable sur la biodiversité suivi par des indicateurs

Tout projet de transition agricole labellisé dans le cadre de la méthode Grandes-Cultures du Label bas-carbone mesure à la fois les réductions d’émissions et le stockage additionnel de carbone dans les sols agricoles sur la durée du projet, mais aussi les impacts plus larges de ce projet sur l’environnement appelés « co-bénéfices environnementaux ». Ainsi au-delà de l’aspect carbone il est possible de savoir quel a été l’impact du projet de transition agricole notamment sur :

  • la biodiversité (évolution de l’utilisation des pesticides, intensité du travail du sol, surfaces favorables aux pollinisateurs) ;
  • la qualité de l’air (émissions de particules fines) ;
  • la qualité de l’eau (fuites de nitrates) ;
  • les besoins en eau de l’exploitation ;
  • l’érosion des sols ;
  • la consommation de ressource minière non-renouvelable (consommation de phosphore).

Chez ReSoil, sur notre plateforme de suivi d’impact ReSink, pour chacune de nos fermes partenaires nous illustrons l’impact du projet sur l’environnement (cf. image ci-dessous)

Suivi des co-bénéfices environnementaux d'un projet agricole Label bas-carbone sur ReSink
Suivi des co-bénéfices environnementaux d'un projet agricole Label bas-carbone sur ReSink

Raison #4 : Une contribution carbone locale pour vous permettre d’être acteur de votre territoire

La contribution carbone d’une entreprise ou collectivité via l’achat de crédits carbone ne doit pas se limiter à une transaction financière qui donne droit à un bout de papier.  Du moins, c’est notre conviction chez ReSoil

Un des axes de notre mission est de « reconnecter le monde agricole avec celui de l’entreprise ».

Par conséquent, nous encourageons les entreprises financeuses à soutenir des projets qui ont du sens pour elle et sont situés à proximité de leurs lieux d’activité.

Cette contribution carbone en France et locale permet à l’entreprise de venir se rendre compte concrètement de l’impact de son financement sur le projet notamment lors :

  • d’une visite de ferme (cf. image ci-dessous) ;
  • d’une journée pédagogique de partage d’expérience où l’agriculteur vient présenter son projet de transition agricole sur les  lieux de l’entreprise.

Qui plus est, pour nos agriculteurs partenaires ayant une activité de vente en directe de leur production (miel, volailles, viandes) c’est aussi l’occasion pour eux de faire goûter les produits de la ferme en circuit-court !

Champ de sarrasin lors de la visite de la ferme de Sébastien en Côte d'Or - Photo : ReSoil
Champ de sarrasin lors de la visite de la ferme de Sébastien en Côte d'Or - Photo : ReSoil

Raison #5 : Des crédits carbone agricoles ex-post, et non ex-ante

Revenons, sur un aspect plus technique de la contribution carbone. Les crédits carbone agricoles sont dits « ex-post » a contrario des projets forestiers dont les crédits sont majoritairement « ex-ante ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Ex-post : Les crédits générés par un projet agricole certifié par le Label bas-carbone ont été vérifiés et correspondent effectivement à des réductions d’émissions (stockage ou évitement) qui ont eu lieu.

Ex-ante : Pour les projets forestiers, les crédits associés à la plantation d’un arbre sont délivrés avant même que l’arbre n’ait poussé (pour rappel la durée d’un projet forestier au sein du Label bas-carbone est de 30 ans). Cela peut poser un problème de décalage temporel entre l’entreprise qui annonce à un instant N avoir acheté X crédits carbone alors qu’en réalité ces X tonnes de CO2 correspondantes seront absorbées par l’arbre sur la période de N+30 ans.

C’est notamment préjudiciable si l’entreprise ayant acheté les crédits carbone agit dans une logique de « compensation carbone » en se disant qu’elle compense ses émissions annuelles de l’année N par ce projet forestier. Car en réalité les émissions de l’entreprise continueront à alimenter le réchauffement planétaire pendant 30 ans le temps que le projet forestier financé absorbe effectivement les émissions annuelles de l’année N

Raison #6 : Avec ReSoil, un fonctionnement en circuit-court pour maximiser l’impact de l'investissement climat de l'entreprise

Toute entreprise qui achète des crédits carbone auprès d’un acteur tiers (développeur de projets, marketplace de crédits carbone ou broker) doit se demander quelle part de son financement sera effectivement reversé au projet financé.  Une manière simple de poser la question est de demander
« sur les 100€ que je verserai pour acheter des crédits carbone combien seront reversés au porteur de projet ».

L’écart entre l’argent versé par l’entreprise l’argent effectivement reversé au porteur de projet représente la marge des intermédiaires. Dans le cas de certains projets celle-ci peut représenter jusqu’à 50% du prix du crédit carbone !

C’est pour permettre aux entreprises de maximiser leur investissement climat que nous avons créé ReSoil. En étant l’unique intermédiaire entre l’entreprise partenaire et l’agriculteur nous fonctionnons en « circuit -court ».

Cela nous permet :

  • De reverser 75% du prix de vente finale du crédit carbone à l’agriculteur ;
  • De prendre en charge les frais liés à la démarche administrative de labellisation et suivi du projet (frais de diagnostic carbone et d’audit par un tiers indépendant) afin que les agriculteurs n’aient pas à supporter ceux-ci. Cela permet de lever certains freins et d'en embarquer le plus possible dans cette transition vers l’agriculture régénératrice ;
  • D’avoir un meilleur suivi du projet et de permettre à nos ingénieurs agronomes d’accompagner si besoin sur le terrain nos agriculteurs partenaires ;
  • De mettre facilement en lien l’entreprise et l’agriculteur partenaire ;

Vous êtes une entreprise ou une collectivité et vous souhaitez contribuer à la neutralité carbone en France à proximité de vos lieux d’activité tout en ayant un impact favorable sur la biodiversité ? Découvrez les projets de nos agriculteurs partenaires labellisés par le Label bas-carbone ou contactez-nous.