Production viticole bas-carbone : repenser les systèmes agronomiques

18 décembre 2025

- par
Antoine

La transition vers une viticulture plus durable et bas-carbone est aujourd’hui devenue un enjeu majeur pour l’ensemble de la filière. Face au changement climatique et aux exigences croissantes en matière de responsabilité environnementale, la décarbonation de la vigne s’impose comme une voie incontournable. Cet article explore les leviers concrets, les innovations et les pratiques émergentes qui permettent aux domaines viticoles de réduire leur empreinte carbone tout en préservant la qualité des vins et la vitalité des terroirs.

Etat des lieux du secteur viticole en France

Superficie et structure du vignoble

Avec environ 789 000 hectares de vignes en production en 2023, la France se positionne parmi les tout premiers pays viticoles mondiaux en surface cultivée. La viticulture représente environ 3 % de la surface agricole utile du pays, mais elle occupe une place centrale sur le plan économique, culturel et environnemental.

Le vignoble français est structuré autour de différents types de production réglementés :

• 56 % des surfaces sont dédiées aux Appellations d’Origine Protégée (AOP), véritables garantes de l'identité des terroirs,

• 27 % concernent les Indications Géographiques Protégées (IGP), offrant une certaine flexibilité tout en assurant une qualité reconnue,

• Et 5 % sont produites sous la catégorie Vins sans Indication Géographique (Vin de France).

Les principaux bassins viticoles en superficie sont :

• Le Languedoc-Roussillon, avec environ 185 000 ha,

• La Vallée du Rhône (dont Provence et Corse), autour de 141 000 ha,

• Le Bordelais, avec près de 119 500 ha,

• La région de Cognac, qui représente environ 96 000 ha.

• La Bourgogne représente moins de surface avec 32 300 ha mais représente une valeur importante. Sur les AOC, la Bourgogne représente 25% du chiffre d’affaires français avec seulement 5,5% de la production.

Poids relatif par bassin desvolumes de vins produits en 2024 - Source : Vitisphère

Production et consommation viticole

En 2023, la France a produit environ 46 millions d’hectolitres de vin, un volume supérieur à la moyenne quinquennale, malgré les aléas climatiques et sanitaires. Avec un rendement moyen d’environ 58 hectolitres par hectare.

La consommation de vin en France diminue chaque année et passe de 46,7L par habitant français en 2010 à 22,5L en 2024. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs dont la diminution de la consommation de vin de table quotidiennement, le regain de popularité d’alternatives au vin comme la bière ou le cidre et les options sans alcool. Cette baisse de consommation s’accompagne en revanche d’une recherche croissante de qualité, les gens consomme moins mais de meilleure qualité.

Consommation de vin en France 2010-2024 - Source : 8wines.fr - Données Agreste

Économie et emploi

Le secteur viticole joue un rôle économique majeur :

• La valeur de la production viticole atteint environ 15,5 milliards d’euros.

• Les exportations de vin ont généré près de 11,3 milliards d’euros en 2023, plaçant la France au rang de leader mondial en valeur sur le marché international du vin. Les orientations prises sur ces flux d’échanges ne relèvent pas uniquement de considérations logistiques, mais aussi de choix politiques qui structurent les équilibres du secteur.

• Le secteur représente environ 129 000 unités de travail annuel (UTA), soit une part significative de l’emploi agricole.

• Environ 59 000 exploitations viticoles sont actives en France, selon les derniers chiffres du Recensement Général Agricole.

Une viticulture de plus en plus engagée

La viticulture biologique continue sa progression, avec :

• 171 000 hectares de vignes certifiées bio ou en conversion en 2023, soit 21,7 % du vignoble total.

• Près de 12 000 vignerons engagés dans une démarche biologique.

Cela place la viticulture parmi les secteurs les plus dynamiques en agriculture biologique en France.

Filière

La filière viticole française est structurée autour d’un modèle de filières régionales ou territoriales, largement influencé par la notion d’appellation d’origine (AOP, IGP), qui lie étroitement le produit à son territoire. Chaque bassin viticole regroupe ainsi un ensemble d’acteurs interdépendants : viticulteurs, ODG (organisme de défense et de gestion), coopératives, caves particulières, négociants, syndicats de défense des appellations, interprofessions régionales, organismes de recherche et établissements de formation.

À l’échelle nationale, des structures comme FranceAgriMer ou le Comité National des Interprofessions des Vins à appellation (CNIV) assurent la coordination, la régulation économique et la représentation du secteur.

Ces filières s’organisent souvent en interprofessions régionales (ex. Inter Rhône, CIVB à Bordeaux, InterLoire, etc.), qui réunissent production et négoce pour gérer les volumes, promouvoir les produits, coordonner les politiques de qualité ou encore impulser des dynamiques de transition (climat, durabilité, décarbonation).

Ce fonctionnement permet une gouvernance collective, mais rend aussi la transformation du secteur complexe, car elle implique un consensus entre une diversité d’acteurs aux intérêts parfois divergents.

Bilan environnemental d’une bouteille de vin

Bilan carbone du bouteille de vin rouge - Source : Impactco2.fr - Agribalyse

Cette infographie représente une estimation détaillée du bilan carbone d’un litre de vin, qui s’élève à 1,27 kg de CO₂e. La répartition des émissions met en évidence que l’emballage est de loin le principal poste émetteur, représentant 54 % du total, soit 0,68 kg CO₂e. Cela s’explique notamment par l’impact environnemental élevé de la production des bouteilles en verre. Vient ensuite l’agriculture, qui pèse 24 % (0,3 kg CO₂e). Le transport contribue à 18 % (0,23 kg CO₂e), ce qui montre l’importance de la logistique dans l’empreinte finale. Les postes liés à la transformation (3 %), à la distribution (1 %) et à la consommation (1 %) ont un impact marginal. Cette répartition met en lumière les leviers principaux de réduction : alléger ou remplacer les emballages et optimiser les pratiques agricoles.

La viticulture a plusieurs effets écologiques, indépendamment de ses émissions de carbone. La gestion des sols joue un rôle central : le maintien de sols nus ou le recours au labour favorisent l’érosion, parfois importante sur terrains en pente. À l’inverse, l’enherbement entre les rangs limite ces pertes de sol et contribue à la stabilité et à la structure du sol (Neiker, 2023 ; Biddoccu et al., 2017). Ces dynamiques influencent la répartition de la matière organique et la disponibilité des nutriments pour la vigne (Di Prima et al., 2018).

L’usage de produits phytosanitaires reste un point d’attention, notamment car la vigne est une des cultures qui utilise le plus produits phytosanitaires. Ce qui a un fort impact sur la qualité de l’eau et la biodiversité. En 2012, la vigne représentait environ 14% des pesticides achetés en France alors même que sa surface représentait 3,3% de la SAU française.

Enfin, la structure du paysage viticole et les modes d’entretien influencent la biodiversité. Les pratiques favorisant la couverture végétale ou la présence d’éléments semi-naturels (haies, bandes enherbées) sont associées à une plus grande diversité d’organismes du sol et d’espèces auxiliaires (Winter et al., 2018).

Impact du changement climatique sur la vigne

Le changement climatique affecte déjà très concrètement la vigne dans les régions viticoles françaises, avec plusieurs conséquences observées :

• Une hausse des températures moyennes qui provoque un déplacement des stades phénologiques (débourrement, floraison, véraison, maturité) vers des dates plus précoces. Par exemple, en Vallée du Rhône, on constate un déplacement de la récolte et une température de maturation moyenne supérieure d’environ 5 °C sur les 50 dernières années. Les vendanges doivent être avancées pour éviter de récolter des raisins trop sucrés et donc avec un degré alcoolique potentiel trop élevé. L’inconvénient est que le raisin atteint un taux de sucre convenable avant d’être réellement à maturité. L’équilibre sucre/acidité est plus dur à trouver. Ce décalage des stades phénoliques pose aussi des problèmes pour le gel de printemps, car le cycle végétatif de la vigne démarre plus tôt et donc rend la plante plus vulnérable au gel de printemps.

• Une augmentation du déficit hydrique entre floraison et récolte : en Vallée du Rhône, les précipitations ont diminué tandis que l’évapotranspiration a augmenté, entraînant un déficit estimé à 150 mm en plus sur la période de maturation sur ces dernières décennies.

• Les raisins arrivant à maturité montrent des modifications de composition : ils sont plus sucrés, moins acides, ce qui modifie l’équilibre aromatique et peut influencer le style des vins.

• Une variabilité accrue des phénomènes climatiques : vagues de chaleur, sécheresse prolongée, gel, grêle, maladies opportunistes. Ces aléas touchent tant la quantité (rendement) que la qualité (santé du raisin, concentration, etc.). Par exemple, en 2022, 30 000 hectares ont été touché en France par la grêle, avec des pertes estimées entre 30 et 80% de rendement sur les parcelles touchées.

Ces impacts sont des tendances globales sur le vignoble français, même si chaque région perçoit le changement climatique de façons différentes du fait de leurs contextes pédoclimatiques propres .

C’est donc un double enjeu qui se présente au vignoble français : s’adapter au changement climatique tout en réduisant son impact sur ce dernier.

Viticulture bas-carbone : leviers de décarbonation à la parcelle

Contrairement à la majorité des grandes cultures agricoles (blé, maïs, colza, etc.) qui sont annuelles, la vigne est une plante pérenne : elle reste en place pendant plusieurs décennies (20 à 50 ans en moyenne). Ce caractère structurel a plusieurs implications sur le plan du bilan carbone.

D’abord, la mise en place d’un vignoble représente un investissement ponctuel en émissions (préparation du sol, plantation, tuteurs, palissage), mais cette empreinte est amortie sur toute la durée de vie de la vigne. Cela signifie que les émissions par litre de vin liées à l’installation sont relativement faibles une fois réparties sur plusieurs années de production.

Ensuite, la vigne pérenne participe à une stabilisation du sol et du carbone organique, notamment grâce à l’enherbement entre les rangs et à la moindre fréquence de travail du sol comparée aux cultures annuelles. Dans certains cas, les sols viticoles bien gérés peuvent stocker du carbone, ce qui peut partiellement compenser d’autres postes émetteurs (engrais, carburant...).

Enfin, la pérennité de la vigne limite les changements d’affectation des terres, qui sont souvent très émetteurs en CO₂ dans d'autres systèmes agricoles (défrichement, retournement de prairies, etc.). Cela confère à la viticulture un potentiel de durabilité structurelle, à condition que les pratiques culturales soient elles-mêmes sobres en intrants et respectueuses des équilibres biologiques du sol.

Réduction des engrais minéraux en viticulture

Dans le secteur viticole, l’usage des engrais minéraux (notamment azotés) reste limité en volume par rapport à d’autres cultures intensives, mais il constitue un levier important de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier de protoxyde d’azote (N₂O), un gaz au pouvoir de réchauffement 273 fois supérieur au CO₂.

Alternatives à l’utilisation d’engrais minéraux en viticulture :

Engrais verts : implantation de légumineuses ou de crucifères entre les rangs de vignes, qui améliorent la structure du sol, fixent l’azote atmosphérique et enrichissent la matière organique.

Fertilisation organique : apports de composts, fumiers ou digestats, issus d’élevages ou de compostage local. Ces matières permettent une libération progressive des éléments nutritifs, améliorent l’activité biologique des sols et stockent davantage de carbone organique.

Optimisation des apports : ajustement précis des doses, du moment d’apport et de la forme de l’azote (liquide, solide, lentement disponible), couplé à des analyses de sol régulières pour éviter les excès et les pertes par volatilisation ou lessivage.

Augmentation de la couverture du sol en viticulture

Historiquement, de nombreux vignobles français pratiquaient un désherbage total ou un travail fréquent du sol entre les rangs et sur le rang, laissant les sols nus plusieurs mois de l’année.

Dans un contexte de changement climatique et de recherche de sobriété carbone, l’enherbement permanent ou partiel des vignes est identifié comme une solution agroécologique majeure. Il permet à la fois de stocker du carbone, de réduire les émissions liées au travail mécanique, d’améliorer la résilience hydrique des sols, tout en favorisant la biodiversité.

Alternatives pour améliorer la couverture des sols en viticulture :

Enherbement spontané ou semé : couverture végétale permanente ou temporaire entre les rangs, avec des espèces choisies (graminées, légumineuses, plantes mellifères) selon les objectifs : couverture hivernale, apport d’azote par les légumineuses, port rasant, résistance au piétinement, etc ou avec des espèces endogènes présentent sur la parcelle.

Paillage organique : utilisation de broyats de bois, composts ou résidus végétaux pour couvrir le sol sous le rang, limitant l’évaporation, les adventices et favorisant la vie du sol. Cette méthode améliore aussi le stockage de carbone et réduit les besoins en irrigation.

Agroforesterie viticole : implantation de haies ou d’arbres au sein ou en bordure des parcelles pour combiner effets de couverture et services écosystémiques ; brise-vent, régulation thermique, refuge pour les auxiliaires, apport de matière organique.

Ces leviers sont à moduler en fonction de la gestion de la concurrence entre la vigne et les autres espèces présentent sur la parcelle. Cela détermine directement la fourniture en azote (entre autres) pour la vigne et donc les composants présents dans le vin comme les acides aminés.

Enherbement sur les inter-rangs : répartition en % de la superficie viticole selon sa nature et son mode de production en France - Source : Resoil

Augmentation de la restitution en viticulture

En viticulture, les pratiques courantes tendent souvent à extraire de la matière organique sans compenser les pertes, notamment via l’exportation de la récolte et des sarments (bois de taille). Cette faible restitution contribue à l’appauvrissement des sols en carbone organique, à la baisse de la fertilité et à une plus grande dépendance aux engrais extérieurs, souvent d’origine industrielle. Or, la restitution de matières organiques (résidus de taille, déchets de vinification…) permet de boucler les cycles au sein de la parcelle, favoriser la vie microbienne, améliorer la structure du sol et stocker durablement du carbone.

Alternatives spécifiques pour augmenter la restitution en viticulture :

Broyage et retour des sarments : au lieu de brûler les sarments de la taille, ce qui génère d’importantes émissions de particules fines et de polluants, le broyage permet de les restituer directement au sol. Le broyage contribue à diminuer le bilan carbone d’environ 400 kg CO₂ équivalent/ha en évitant le brûlage et en augmentant le stockage de carbone apporté par les résidus restitués au sol.

Épandage des effluents de vinification : les cuverie (lieu de transformation du raisin en vin) produisent des eaux de lavage, des bourbes, des résidus de pressoirs etc., très chargés en azote, potassium et matières organiques. Ces effluents peuvent perturber les milieux aquatiques s’ils sont mal traités. L’épandage réglementé permet de valoriser ces effluents, après mise au point de zones d’épandage compatibles, et de restituer des éléments fertilisants au sol, tout en fermant le cycle des nutriments.

Augmentation des couverts végétaux pour augmenter la biomasse restituée : au delà des avantages évoqués précédemment, l'emploi de couverts végétaux permet de produire de la biomasse supplémentaire, qui une fois détruite ou incorporée, enrichit le sol en matière organique. Plus la biomasse produite est forte, plus le potentiel de restitution de carbone organique stable est élevé. (Tema Agriculture Terroirs). Les couverts permettent de séquestrer du carbone dans le sol (jusqu’à 1 tonne de C/ha/an selon les conditions), réduisant ainsi le bilan net des émissions.

Réduction des produits phytosanitaires en viticulture : enjeux et alternatives

La viticulture est l’une des cultures agricoles les plus consommatrices de produits phytosanitaires en France, notamment de fongicides, en raison de la forte sensibilité de la vigne à des maladies comme le mildiou ou l’oïdium. Même si les volumes totaux restent moindres que dans les grandes cultures, le nombre de traitements par hectare est particulièrement élevé. Cette dépendance pose des enjeux environnementaux, sanitaires et climatiques majeurs : pollution des sols et des eaux, impact sur la biodiversité, émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication, au transport et à l’application des produits (tracteurs). Au-delà de la simple comptabilité carbone, c’est un levier global sur l’impact environnemental de la vigne. Plusieurs alternatives sont déjà en cours de déploiement dans la filière, en lien avec les objectifs du plan national Ecophyto II+, qui vise une baisse de 50 % de l’usage des produits phytosanitaires d’ici 2030. En 2019, le nombre d’IFT moyen en viticulture était de 8,1 pour la viticulture biologique et de 12,4 pour le reste des surfaces viticoles.

Alternatives à l’utilisation de produits phytosanitaires en viticulture :

Biocontrôle : recours à des solutions naturelles comme des champignons antagonistes, des insectes auxiliaires, des phéromones de confusion sexuelle ou des extraits végétaux pour lutter contre les ravageurs ou les maladies de la vigne.

Cépages résistants : sélection variétale permettant de créer des vignes génétiquement tolérantes au mildiou ou à l’oïdium, réduisant de 60 à 90 % les traitements nécessaires.

Techniques culturales préventives : effeuillage manuel ou mécanique, aération de la végétation, enherbement contrôlé, adaptation des densités de plantation, réduction de l'irrigation pour limiter la pression fongique.

Pulvérisation de précision et robotique : arrêter les méthodes de pulvérisation non ciblées comme les canons et développer les pulvérisateur à assistance numérique, drones ou robots autonomes capables de cibler très précisément les zones à traiter et de réduire la quantité de produit utilisée jusqu’à 50 %.

Autre évolution de la conduite culturale en viticulture

La conduite culturale de la vigne influence directement les émissions de gaz à effet de serre du vignoble, à travers l’usage de carburant, la gestion des intrants, la structure de la végétation, ou encore la capacité du sol à stocker du carbone. Dans un objectif de décarbonation, de plus en plus de viticulteurs réorientent leurs pratiques pour réduire les émissions directes (machines, intrants) et favoriser le stockage du carbone dans les sols et la biomasse.

Pratiques de conduite à plus faible empreinte carbone :

Réduction du travail mécanique du sol : en limitant les passages de tracteurs (labour, désherbage, traitements), on réduit significativement la consommation de carburant. Certains domaines passent de 12 à 6 passages annuels grâce à l’enherbement ou au paillage.

Réduction de la densité de plantation : diminuer la densité permet de réduire la consommation d'intrants par hectare (engrais, produits phytosanitaires), tout en maintenant la production grâce à un meilleur équilibre végétatif. De plus cela permet une gestion facilitée de la couverture du sol et de l’apport de matière organique. Aujourd’hui, la densité de plantation varie de 3000 à 11000 pieds par hectare en fonction des régions, des cahiers des charges et des modes de conduites.

Le choix de densité de plantation s’accompagne souvent du choix de mode de conduite, qui lui aussi joue un rôle important. Par exemple, la conduite de la vigne en pergola montre de bonnes performances agronomiques et environnementale, notamment car elle facilite la gestion de l’enherbement et réduit les besoins en produits phytosanitaires.  

Réduction des pratiques de brulage contre le gel : la diminution du recours aux chaufferettes et aux feux de protection contribue à limiter les émissions atmosphériques et les nuisances locales. Le brûlage mobilise d’importantes quantités de combustibles (fioul, paraffine, bois), entraîne des rejets de particules fines et de CO2. Le développement de solutions alternatives – tours antigel, aspersion, câbles chauffants, ou encore gestion accrue de l’enherbement en période à risque pour limiter les pertes radiatives – permet de réduire progressivement cette pratique tout en maintenant un niveau de protection satisfaisant. Cette évolution s’inscrit également dans un cadre réglementaire de plus en plus restrictif et dans une attente sociétale forte concernant la qualité de l’air et les nuisances olfactives.

Vin bas-carbone : leviers de décarbonation amont et aval à la vigne

Au-delà des leviers liés à la conduite culturale de la vigne, la réduction de l’empreinte carbone du vin passe par une optimisation de l’ensemble de la chaîne de production et de distribution, depuis la fabrication des intrants jusqu’à la consommation finale.

Amont : achats, intrants et logistique d’approvisionnement

La décarbonation du vin en amont repose principalement sur la réduction des émissions liées aux intrants et à leur transport. Les leviers portent notamment sur le choix de matériaux et de consommables moins émissifs : engrais organiques ou recyclés, produits œnologiques à plus faible empreinte carbone, contenants et emballages entrants allégés ou issus du recyclage. L’optimisation logistique constitue également un point clé, en privilégiant des fournisseurs plus proches, des livraisons mutualisées ou des modes de transport moins carbonés. L’ensemble vise à diminuer l’empreinte des matières premières nécessaires à la production avant leur entrée en cave.

Transformation : énergie, procédés et équipement

Au stade de la transformation, les principaux leviers concernent l’énergie utilisée en cave et l’efficacité des procédés. La réfrigération étant l’un des postes les plus intensifs, l’amélioration de l’isolation, l’utilisation de groupes froid plus performants ou la récupération de chaleur permettent de réduire significativement les consommations. Le recours à des énergies décarbonées — électricité renouvelable, solaire thermique pour l’eau chaude, chaleur fatale valorisée — constitue un autre axe important. Des équipements plus sobres (pompes, pressoirs, systèmes de filtration) ainsi qu’une gestion fine des consommations pendant les vendanges et la fermentation complètent ces leviers, sans modifier la qualité ou le style du vin.

Aval : conditionnement, distribution et fin de vie

En aval, les leviers les plus efficaces concernent le conditionnement, souvent le premier poste d’émissions après la vigne. L’allègement des bouteilles en verre, l’adoption de formats alternatifs (canettes, Bag-in-Box, bouteilles consignées ou réemployées) ou l’utilisation de verre recyclé réduisent fortement l’empreinte carbone du produit fini. La distribution offre aussi des marges d’action : optimisation des tournées, report modal (fret ferroviaire, fluvial), ventes plus locales ou plateformes logistiques rationalisées. Enfin, la gestion de fin de vie des emballages — recyclabilité, taux de retour, choix d’éléments mono-matière — permet de limiter les émissions indirectes et d’améliorer le cycle global du produit.

La transition agronomique vers des systèmes viticoles bas-carbone s’appuie sur une évolution progressive mais structurante des pratiques. Au-delà des techniques individuelles, c’est surtout l’organisation globale du vignoble — gestion des sols, maîtrise des intrants, adaptation aux aléas climatiques, choix du matériel végétal ou des densités de plantation — qui conditionne la capacité de la filière viticole à réduire durablement ses émissions. Les travaux récents montrent que de nombreuses marges de manœuvre existent pour concilier productivité, qualité et moindre dépendance énergétique, à condition de raisonner la conduite du vignoble dans sa cohérence agronomique. La réussite de cette transition repose donc sur une meilleure compréhension des agroécosystèmes et l’accompagnement des viticulteurs vers des systèmes plus résilients et plus efficients.

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