8 novembre 2023
La biodiversité ou diversité biologique est le fondement même de notre existence sur cette planète. Ce terme, souvent employé mais parfois incompris, encapsule la richesse incroyable et la variété des formes de vie - des plus petites bactéries aux vastes forêts pluviales, des abysses océaniques aux jardins dans les pavillons résidentiels. Mais qu'est-ce que la biodiversité exactement ? On vous dit tout dans la suite de cet article
La biodiversité englobe la diversité au sein (i) des espèces, (ii) entre les espèces et (iii) entre les écosystèmes. Ce tissu vivant est vital pour l'équilibre et la résilience des environnements naturels et fournit des services essentiels à la survie humaine. Sans elle, les fondations mêmes sur lesquelles reposent nos sociétés, économies et cultures seraient en péril.
Le concept de biodiversité n'a émergé dans le discours public que dans les années 1980, mais il a rapidement gagné en importance, culminant avec la Convention sur la diversité biologique lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Cette convention a marqué un tournant, reconnaissant formellement l'importance vitale de la préservation de la biodiversité et l'interconnexion de l'humanité avec le monde naturel.
En 1992, la Convention sur la biodiversité biologique a proposé la définition suivante :
Biodiversité : « La variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes.»
Ainsi, la biodiversité, ou diversité biologique, est la richesse infinie et la variété de la vie sur Terre.
Elle se manifeste à travers trois catégories distinctes mais interdépendantes...
La biodiversité est un concept aux dimensions multiples, s'articulant principalement autour de la diversité génétique, des espèces, et écosystémique. Chacune de ces dimensions contribue à la trame complexe de la vie sur Terre et est essentielle pour la stabilité et la résilience des écosystèmes.
La diversité génétique est la variabilité des gènes au sein des espèces. C'est le niveau le plus fondamental de la biodiversité, comparable aux lettres d'un alphabet formant des mots uniques. Cette diversité génétique permet aux populations de s’adapter aux changements environnementaux et aux maladies, assurant leur survie et leur évolution. Par exemple, la diversité génétique au sein de la population de blé permet aux agronomes de développer des variétés résistantes à des maladies spécifiques ou à des conditions climatiques changeantes.
La diversité des espèces, ou diversité spécifique, englobe la richesse en espèces d'un écosystème. Elle est souvent ce que l'on perçoit le plus facilement : un récif corallien chatoyant, une forêt tropicale bourdonnante de vie ou la multitude d'espèces peuplant les savanes africaines. Chaque espèce joue un rôle dans l'écosystème, comme les abeilles dans la pollinisation ou les grands prédateurs dans le maintien de populations proies saines.
Enfin, la diversité des écosystèmes se rapporte à la variété des environnements naturels et à leurs communautés biologiques. Du désert aride au marais grouillant, chaque écosystème est un ensemble dynamique où les espèces interagissent entre elles et avec leur environnement. Les forêts pluviales, par exemple, non seulement abritent une grande diversité d'espèces, mais jouent également un rôle crucial dans la régulation du climat mondial en stockant du carbone.
Les interactions entre les espèces et leurs milieux sont fondamentales pour le maintien de la biodiversité. Les plantes, les animaux, les champignons et les micro-organismes ne vivent pas isolément ; ils font partie d'un réseau complexe d'interdépendances. Les arbres d'une forêt, par exemple, peuvent fournir de la nourriture et un habitat pour des insectes, qui à leur tour pollinisent les plantes ou servent de nourriture pour des oiseaux. Ces interactions forment des chaînes et des réseaux trophiques qui soutiennent la vie sur Terre.
La biodiversité est donc bien plus qu'une simple liste d'espèces : c'est un système complexe de vie interconnectée. Sa préservation est essentielle pour le bien-être de l'humanité et la santé de notre planète. En reconnaissant et en valorisant les multiples facettes de la biodiversité, nous pouvons mieux comprendre comment protéger et gérer ces ressources vitales. Les écosystèmes et la biodiversité sont intrinsèquement liés, et notre futur dépend de leur santé collective.
La biodiversité est un pilier central du bien-être humain, rendant des services écosystémiques inestimables. Ces services, essentiels à notre survie, peuvent être classifiés en approvisionnement, régulation, culturels et de soutien.
Les forêts, qui couvrent environ 30% de la surface terrestre globale, jouent un rôle crucial dans la production d'oxygène et la filtration de l'air. Elles absorbent annuellement plusieurs milliards de tonnes de carbone atmosphérique, régulant ainsi le climat. En termes de nourriture, plus de 75% de la diversité alimentaire mondiale dépend directement de la biodiversité, près de 80% des cultures mondiales requérant la pollinisation par des insectes.
La biodiversité est également une pharmacopée naturelle. Près d’un médicament sur 2 prescrits entre 1980 et 2015 sont directement issus ou dérivés de substances naturelles. Des exemples célèbres incluent la quinine, dérivée de l'écorce du quinquina, utilisée contre le paludisme, et la paclitaxel, un médicament anticancéreux développé à partir de l'écorce de l'if du Pacifique. De plus, environ 70% des plantes identifiées par le National Cancer Institute des États-Unis comme ayant des propriétés anticancéreuses sont trouvées uniquement dans les forêts tropicales.
L'agriculture bénéficie grandement de la biodiversité par la pollinisation, la fertilité des sols et la protection des cultures contre les ravageurs. Le tourisme de la nature, une autre facette économique, repose sur des écosystèmes divers et intacts, générant des milliards en revenus chaque année. Par exemple, en 2018, les parcs nationaux aux États-Unis ont généré une estimation de ~40 milliards de dollars US en activité économique. Enfin, la biodiversité stimule la recherche et le développement en offrant des modèles pour l'innovation technique, telle que les surfaces auto-nettoyantes inspirées des feuilles de lotus.
La France, avec sa métropole et ses territoires d'outre-mer, présente une biodiversité exceptionnellement riche. La métropole est l'un des pays européens les plus diversifiés biologiquement, abritant plus de 136 000 espèces tandis que l'outre-mer, représentant seulement 1% du territoire terrestre français, abrite plus de 80% de sa biodiversité totale.
La France métropolitaine, avec ses divers habitats terrestres et aquatiques, est le foyer de ~35-40% des espèces d'oiseaux enregistrées dans l'Union Européenne. Les DOM-TOM, comme la Guyane, sont particulièrement riches en biodiversité, avec par exemple plus de 1 000 espèces d'arbres recensées dans une seule parcelle de forêt de 25 hectares. La France gère également près de 10% des récifs coralliens et lagons du monde, soulignant son rôle global en matière de conservation de la biodiversité marine.
Toutefois cette richesse de la biodiversité est mise en péril sur le territoire français comme à l'échelle mondiale. Au niveau du globe les chiffres sont préoccupants : environ un million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction, soit plus que jamais dans l'histoire de l'humanité.
La biodiversité mondiale est en déclin depuis plusieurs dizaines d’années, avec des menaces significatives qui pèsent sur son intégrité. Selon WWF France dans son dernier rapport intitulé Planète Vivante, entre 1970 et 2021, les populations de vertébrés ont chuté en moyenne de 69 %, au fil des années, le déclin continue de s'aggraver. Lors du rapport publié en 2018, ce chiffre était de 60 %. Poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles sont concernés.
Selon l’IPBES (“Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services”), l’équivalent du GIEC pour la biodiversité, il existe 5 principales causes de l’effondrement de la biodiversité :
La conversion de terres pour l'agriculture, l'artificialisation des sols avec l’urbanisation et d'autres développements humains (développement miniers) est la principale cause de perte de biodiversité. On estime que 85% des zones humides présentes en 1700 avaient disparu en 2000. Les forêts, vitales pour de nombreuses espèces, subissent également une déforestation intense, avec environ 10 millions d'hectares de forêts tropicales perdues chaque année entre 2015 et 2020 (ce chiffre bien que toujours conséquent s’est réduit à 4,1 millions en 2022 d’après le dernier bilan publié par le World Resource Institue.
La pollution sous toutes ses formes nuit aux écosystèmes. Les plastiques, en particulier, ont un impact dévastateur, avec environ 8 millions de tonnes de plastique déversées dans les océans annuellement, affectant la vie marine à toutes les échelles.
La surexploitation des ressources naturelles pour la nourriture, l'énergie et les matériaux est une autre menace majeure. Par exemple, la surpêche menace 1/3 des stocks mondiaux de poissons de l'océan selon la Food and Agriculture Organization, rendant leur utilisation non durable.
Le changement climatique modifie les conditions de vie, forçant de nombreuses espèces à migrer ou faisant face à l'extinction. Il est estimé que le changement climatique pourrait entraîner la disparition de la moitié des espèces dans les zones les plus exposées de la planète d'ici la fin du siècle.
Les espèces non indigènes peuvent devenir envahissantes et concurrencer les espèces locales, menant à leur déclin. Selon l’IBPES dans son rapport sorti en septembre 2023. Elles jouent un « rôle majeur dans 60 % des extinctions de plantes. Pire, elles sont le seul facteur de « 16 % des extinctions mondiales d'animaux et de plantes ».
Pour contrer l'érosion de la biodiversité, des mesures sont prises à différents niveaux, du cadre législatif aux initiatives citoyennes.
Les gouvernements jouent un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité à travers la mise en place de lois et réglementations. En France, la "Stratégie nationale pour la biodiversité" vise à enrayer le déclin de la biodiversité d'ici 2030 avec par exemple l’objectif ambitieux de planter plus de 50 000 km de haies à l’horizon 2030 en France. Au niveau de l'Union européenne, la nouvelle "Stratégie de l'UE pour la biodiversité à l'horizon 2030" propose notamment de protéger au moins 30 % des zones marines et terrestres de l'UE (forêts, zones humides, tourbières, prairies et écosystèmes côtiers), et pour le secteur de l’agriculture de réduire l'utilisation de pesticides plus dangereux et chimiques de 50%, ainsi que l'utilisation d'engrais d'au moins 20 %.
Les aires protégées sont essentielles pour conserver les habitats et les espèces. La France s'est engagée à protéger 30% de son territoire d'ici 2022, dont un tiers en protection forte. Au niveau mondial, environ 15% des terres et 8% des mers étaient sous protection en 2020, bien qu'il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs d'Aichi pour la biodiversité.
La gestion durable des espèces implique d'exploiter les ressources naturelles à un rythme qui permet leur régénération et maintient la biodiversité. La certification FSC (Forest Stewardship Council) a été délivrée à plus de 200 millions d'hectares de forêts dans le monde, assurant une gestion forestière responsable. La question étant de savoir si ces certfications vont assez loin dans leur objectif de préservation de la biodiversité ou s’il s’agit juste d’un « argument marketing » pour un produit.
Sciences participatives et mobilisation citoyenne Les sciences participatives impliquent le grand public dans la surveillance de la biodiversité, comme le montre le succès du programme "Vigie-Nature" en France, avec des dizaines de milliers de bénévoles contribuant à la collecte de données.
La coopération internationale est cruciale pour la conservation de la biodiversité, car les écosystèmes ne connaissent pas de frontières. Des efforts globaux sont nécessaires pour aborder des problèmes comme le changement climatique et les espèces invasives, qui affectent la biodiversité à une échelle mondiale.
Les conventions internationales telles que la Convention sur la diversité biologique (CDB), avec ses 196 parties, jouent un rôle clé dans la mise en œuvre d'actions coordonnées. Le cadre mondial pour la biodiversité post-2020 vise à aligner les actions internationales pour la protection de la biodiversité pour les prochaines décennies. L'enjeu étant de transformer ces engagements en actions réelles sur le terrain.
Dans le tissu infini du vivant, chaque fil est essentiel, chaque être tisse le grand ouvrage de la biodiversité. Diversité génétique, diversité des espèces, diversité des écosystèmes, chacune danse dans une harmonie complexe, essentielle à la symphonie de la vie. Elles sont le souffle qui porte les ailes des papillons, la mélodie des forêts qui croissent, le rythme des marées qui bercent nos rivages.
Toutefois, une ombre se glisse sur ce tableau. La biodiversité, l’un de nos héritages naturels les plus précieux, vacille sous les assauts incessants : l'érosion de ses territoires, le voile sombre de la pollution, l'épuisement des ressources naturels.
Il est temps d'écrire un nouveau chapitre, de tisser une nouvelle trame. Cet appel à la préservation de la biodiversité résonne comme un impératif, un cri du cœur pour que chacun devienne le gardien de cette diversité qui nous nourrit, nous guérit, nous inspire. Que cet appel soit un engagement, un pas vers l'action au-delà des discours et grandes annonces.
Chez ReSoil, nous souhaitons faire partie des acteurs qui se mobilisent et agissent pour la biodiversité.
Pour tous nos projets de transition agricole bas-carbone labellisés par le Label bas-carbone, nous suivons non seulement les tonnes de CO2eq. stockées dans les sols agricoles ou évitées mais aussi des indicateurs en lien avec la biodiversité.
Le Label bas-carbone les appelle des « co-bénéfices environnementaux » et mesure quantitativement l’impact du projet agricole sur l’utilisation des pesticides, la qualité de l’eau, la qualité de l’air, l’érosion des sols, la consommation en eau de l’exploitation, la consommation du phosphore une ressource minière non renouvelable ainsi qu’un macro-indicateur de biodiversité composé de plusieurs sous-indicateurs. A date, tous nos projets agricoles présentent a minima deux co-bénefices environnementaux parmi les 7 listés ci-dessus.
Pour en savoir plus sur les projets de nos agriculteurs partenaires consultez notre page dédiée.
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