Le dictionnaire de l’agriculture bas-carbone

4 avril 2025

- par
Eva
Livre dans l'herbe
Livre dans l'herbe (©ReSoil, 2025)

I. Le constat qu'un changement s'impose !

Aujourd’hui, le constat du dérèglement climatique nous fait prendre conscience qu’il faut agir ! En effet, 6 limites planétaires sur 9 sont dépassées : l'utilisation et le cycle de l'eau douce, le changement du climat, l'érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques, le changement d'usage des sols, l'introduction d'entités nouvelles dans la biosphère. Les chiffres sont clairs, la température de la planète ne fait qu’augmenter depuis le début de l’ère industrielle ce qui entraîne un déséquilibre de notre environnement. Par exemple, des épisodes météorologiques répétés et intenses causent déjà des dégâts irréversibles sur la biodiversité, les écosystèmes, qui impactent également la population humaine. Selon le rapport 2018 de l’Office Française pour la Biodiversité (OFB), 25% des espèces animales françaises sont menacées de disparition. C’est pour cela que objectifs ont été fixés par les accords de Paris : il faut limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré.

Les 9 limites planétaires

Les gaz à effets de serre jouent un rôle non négligeable dans ce dérèglement climatique. Ils sont essentiels à la vie, car ils retiennent une partie de la chaleur solaire dans l’atmosphère, pendant que le reste est renvoyé vers l’espace. C’est ce phénomène appelé effet de serre, qui instaure une température viable sur la planète. Cependant depuis le 19e siècle, l’industrie s’est développée ce qui a amplifié les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. Ces émissions sont en parties responsables du réchauffement climatique.

Champ lexical climatique

Maintenant que nous avons planté le décor, en ce qui concerne l'état des lieux du dérèglement climatique, définissons les termes clef dans ce domaine :

  • Le climat : désigne l’ensemble des facteurs météorologiques (des variables de surface comme la température, les précipitations et le vent) qui caractérisent un endroit donné, pendant une période donnée. Le climat est influencé par une série de paramètres, les flux atmosphériques, les flux océaniques, le relief et l’énergie solaire (Climat.be.2023).

  • Dérèglement climatique : correspond à une perturbation du climat à l’échelle planétaire et sur le long terme. Également appelé « changement » ou « réchauffement » climatique, le dérèglement climatique se caractérise par une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre et par une modification des équilibres météorologiques, des écosystèmes et des grands cycles biogéochimiques de la planète (Lobby des Consciences, "Dérèglement climatique").

  • Biodiversité : La biodiversité englobe la diversité au sein (i) des espèces, (ii) entre les espèces et (iii) entre les écosystèmes.

  • Gaz à effet de serre (GES) : Gaz d'origine naturelle (vapeur d’eau ou liée aux activités humaines) absorbant et réémettant une partie des rayons solaires (rayonnement infrarouge), phénomènes à l’origine de l’effet de serre. Les principaux gaz à effet de serre liés aux activités humaines sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde nitreux ou protoxyde d’azote (N2O) et des gaz fluorés : hydrofluorocarbure (HFC), perfluorocarbure (PFC), hexafluorure de soufre (SF6) et le trifluorure d’azote (NF3) (INSEE, s.d.). Le pouvoir réchauffant varie d’un gaz à l’autre. Les émissions de chaque gaz sont pondérées par un coefficient fonction de son Pouvoir Réchauffant Global (PRG). Ce coefficient est de 1 pour le CO2, 25 pour le CH4 et 298 pour le N2O.

II. Comment agir face au dérèglement climatique : l'agriculture comme solution

Deux stratégies ressortent pour atténuer notre empreinte carbone : réduire nos émissions de gaz à effets de serre et stocker du carbone dans les sols, et/ou adapter ses modes de production (ex: variétés plus résistantes à la sécheresse) pour continuer à cultiver et à produire pour l’ensemble de la population.

Il est primordial de cibler directement les causes du changement climatique plutôt que de travailler uniquement sur les conséquences. L’Union Européenne s’engage à atteindre la neutralité carbone en 2050 avec un objectif intermédiaire de réduire les émissions d’au moins 55 % d’ici 2030.

La décarbonation du territoire français passe par plusieurs acteurs : le secteur du transport, l’industrie, l’énergie, le bâtiment et l’agriculture. Chaque secteur à sa part à jouer dans la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Les émissions liées à l’agriculture représentent 19 % des émissions brutes de la France, soit 74 Mt CO2e en 2022 « dont 59% des émissions sont liées à l’élevage, 26% liées aux cultures et 14% liées à la combustion dans les engins, moteurs et chaudières des secteurs », selon la SNBC 3 qui reprend les données de référence du Citepa.

L’agriculture est un secteur clé dans la lutte contre le dérèglement climatique, car elle est responsable un cinquième des émissions de GES. Mais contrairement aux autres secteurs, elle est le seul capable d’être un levier pour stocker du carbone en étant un puits de carbone.

Leviers de réduction des émissions de l'agriculture
Leviers de réduction des émissions de l'agriculture (source : connaissances des énergies)

A l’échelle collective les entreprises engagées dans la RSE peuvent faire de la contribution carbone, à ne pas confondre avec la compensation carbone. Il faut également avoir à l’esprit que les crédits carbone sont différents des quotas carbone.

L’objectif est d’accompagner la transition bas-carbone en accompagnant les agriculteurs dans des changements de pratique. L’outil pour mesurer cela est la réalisation d’un diagnostic carbone. C’est ainsi que les agriculteurs sont accompagnés dans des pratiques dites agroécologiques ou inscrite dans l’agriculture régénératrice. Leur principe réside dans le maintien d’une bonne santé du sol, capable de stocker du carbone grâce à la photosynthèse qui permet de piéger le carbone atmosphérique grâce à l'énergie solaire pour produire de la biomasse.  En effet, les organismes photosynthétiques fixent chaque année 120 milliards de tonnes de CO2.  L’agriculture ne cesse d’évoluer pour s’inscrire dans la transition écologique. Un nouveau terme est utilisé dans ce contexte là : l’agrostockage de carbone.

Champ lexical du carbone

Définissons désormais les termes liés au carbone et la statégie de décarbonation :

  • Le carbone : est une molécule indispensable que l’on trouve naturellement sur toute notre planète et qui permet la vie sur terre. On le trouve dans les végétaux, dans le sol, et dans l’atmosphère. Sa formule chimique est C et on peut la retrouver sous forme gazeuse : le dioxyde de carbone CO2.

  • L'empreinte carbone : est un indicateur qui réalise le bilan net entre les émissions de gaz à effet de serre et le stockage de carbone dans les sols. L’unité de ce bilan est l’équivalent CO2 (CO2e).

  • Neutralité carbone : La neutralité carbone résulte d’un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption de carbone par les puits de carbone. Si la séquestration du carbone compense les émissions de gaz à effet de serre alors les émissions nettes seront nulles. La neutralité carbone ne peut pas être attribuée, par exemple, à un objet ou une entreprise mais seulement à l’échelle d’un territoire.

  • Décarbonation : Derrière le mot décarbonation, on retrouve l'ensemble des mesures permettant à un secteur économique, une entité (Etat, entreprise) de réduire son empreinte carbone.

💡 Décarbonisation est un anglicisme l’équivalent de décarbonation en français.

  • Un puits de carbone : est un réservoir (naturel ou technologique) qui peut absorber du carbone et le séquestrer durablement. Il y a donc une double notion de flux (absorption) et de stock (conservation durable dans le réservoir).

💡 Un puit de carbone ou un puits de carbone ? Le mot « puits » est un nom masculin qui s'écrit toujours avec un "s". La règle s’applique au singulier ou au pluriel.

  • RSE : Correspond à la responsabilité sociale des entreprises est définie par la Commission européenne comme la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu'elles exercent sur la société. La RSE représente la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.

  • Contribution carbone : Selon l’agence de la transition écologique (l'ADEME - Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) la contribution carbone consiste, pour un financeur (entreprises, collectivités, particuliers, etc.) à soutenir un projet de réduction ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre dont il n’est pas directement responsable, c'est à dire en dehors de sa chaîne de valeur (exemple : une entreprise automobile qui finance un projet agricole). Les impacts de ces projets sont mesurés et aboutissent à la création de crédits carbone, représentant chacun une tonne équivalent CO2 évitée ou séquestrée. Il s’agit d’une démarche volontaire, et non d’une obligation légale.

  • Compensation carbone : Historiquement, le mot compensation était le plus employé. Il a toutefois été noté qu’il donnait l’impression que financer des projets permettait de compenser, et donc “d’annuler” les émissions d’une entreprise. Ce serait comme un droit à polluer, alors que ce n’est évidemment pas le cas ! Toutes les entreprises qui laissent entendre cela dans leur communication font ce qu’on appelle du “greenwashing” et s’exposent désormais à des sanctions. Si tout le monde faisait de la “compensation carbone”, sans réduire ses émissions dans le même temps, il faudrait l’équivalent de 4,5 planètes terre  pour que les puits de carbone absorbent toutes nos émissions ! Le greenwashing, c’est financer des puits de carbone hors de sa chaine de valeur sans réduire ses propres émissions.

  • Crédit carbone : Un crédit carbone correspond à une tonne de CO2 équivalent évitée d’être émise dans l'atmosphère ou stockées dans les sols. L'achat de ces crédits par des entreprises, des collectivités ou des particuliers répond à une démarche purement volontaire.

  • Quotas carbone Ce sont des entreprises définies comme très émettrices (ex : aéronautique, scierie, industrie agroalimentaire, transport, bâtiment.. ) a qui l'Etat a alloué un quotas d’émissions à ne pas dépasser. Il est possible pour une entreprise d'acheter des quotas à une autre entreprise, si cette dernière n’a pas atteint son plafond d’émissions.  L’achat de quotas carbone sur le marché quotté EU ETS ne finance en aucun cas un projet de réduction ou de séquestration de CO2. Il s’agit simplement d’un échange de quotas.

  • Le diagnostic carbone est une analyse pointue de l’exploitation qui prend en compte les émissions de gaz à effet de serre, et le potentiel de stockage de carbone. Une analyse qui permet d’identifier d’un côté des leviers de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’autre côté mettre en avant des solutions en faveur du stockage de carbone. L’agriculteur obtient un rapport avec un plan d’action et un suivi personnalisé des pratiques sur son exploitation.

  • Le stockage de carbone correspond à l’augmentation du stock de carbone dans le temps. Selon l’INRAE en 2013, les pratiques les plus significatives pour faire augmenter le stock de carbone dans les sols consistent à augmenter la biomasse. Cela peut passer par l’ajout de couverts en interculture courte, l’augmentation de rendements pour les cultures principales ou la restitution des résidus de cultures. Le carbone stockée par les plantes par la photosynthèse et permet d'enrichir le sol, une fois la plante décomposée.

Champ lexical lié à l'agriculture

  • Photosynthèse : Les végétaux produisent, à partir de l'eau et du CO2 de l'air, des glucides et du dioxygène, et ceux grâce au rayonnement solaire. Le carbone stocké dans les végétaux sous forme de glucides est ensuite restituté au sol, une fois le végétal décomposé.

  • L’agroécologie : c’est une manière de concevoir des systèmes de production agricole en s’appuyant sur la biodiversité afin de tirer profit des écosystèmes. Elle intègre les dimensions économiques, sociales et politiques pour une agriculture viable, vivable et équitable. Ce système permet de réduire les intrants (fertilisants, phytosanitaires) et donc de préserver l’environnement tout en produisant.

  • L’agriculture régénératrice : Ne présente pas et ne constitue pas un cadre agricole précis. L’objectif est de régénérer la santé et la vie du sol. Les 5 piliers agissent sur la résilience des sols sont
    1. la couverture maximale du sol
    2. la biodiversité
    3. la diversification et l'allongement des rotations culturales
    4. la réduction du travail du sol
    5. la sobriété (en réduisant l'utilisation d'engrais de synthèse et les traitements phytosanitaires)

Les 5 piliers de l'agriculture régénératrice
Les 5 piliers de l'agriculture régénératrice (©ReSoil, 2025)

  • Agrostockage de carbone : Ensemble des pratiques agricoles ou forestières qui, mises en œuvre à l’échelle d’une exploitation ou d’un territoire, permettent de capter et de stocker durablement une quantité importante de carbone, de manière à limiter la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

A propos de ReSoil

ReSoil permet d’accompagner financièrement et agronomiquement les agricultrices et agriculteurs français dans la transition écologique de leur ferme. Grâce au Label bas-carbone, les changements de pratiques agricoles s’intégrant dans la transition environnementale peuvent être valorisés financièrement via la vente de crédits carbone certifiés par ce label.

ReSoil fonctionne en "circuit court" ou étant l'unique intermédiaire entre l'agriculteur et l'entreprise partenaire. Cela permet de maximiser l'impact du financement de l'entreprise et la rémunération de l'agriculteur pour la transition de sa ferme, et de faciliter la création de lien avec l'entreprise (ex : visite de ferme, vente directe des produits de la ferme).

En plus de rémunérer la transition, ReSoil travaille à pérenniser la juste rémunération des pratiques agricoles vertueuses. Nous accompagnons les acteurs agricoles - agriculteurs, organismes stockeurs (coopératives, négoces) et industriels agroalimentaires - dans la co-construction de filières alimentaires bas-carbone valorisant les pratiques vertueuses des agriculteurs. Cette valorisation se fait via un mécanisme de prime filière bas-carbone offrant aux agriculteurs un premium sur le prix d'achat de leur production.

Vous êtes une entreprise ou une collectivité et vous souhaitez contribuer à la neutralité carbone en France à proximité de vos lieux d’activité tout en ayant un impact favorable sur la biodiversité ? Découvrez les projets de nos agriculteurs partenaires labellisés par le Label bas-carbone ou contactez-nous.

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