Comment mesurer l’impact des activités de son entreprise sur la biodiversité ?

7 mars 2024

par
Maxence
Haies en bordure de culture
Haies en bordure de culture

Lorsqu’on s’intéresse aux enjeux liés à l’environnement et au développement durable, on a souvent tendance à compartimenter et à catégoriser comme si on pouvait traiter une thématique/ problématique indépendamment des autres. Il existe une COP pour le climat, qui veille à ce que l’atmosphère ne dépasse pas une certaine concentration de GES dans l’atmosphère, et une COP sur la biodiversité qui s’attarde à protéger la biodiversité. Il convient de constater que l’une de ces conférences attire beaucoup plus l’attention médiatique relayant quasiment la seconde au rang de secondaire.

Les COP climat sont des conférences qui ont lieu chaque année et qui attirent l'attention internationale, avec la participation de chefs d'État, de célébrités et d'activistes climatiques de renom, ce qui contribue à leur visibilité médiatique. On se souvient de l’échec cuisant de la COP 15 Climat de Copenhague en 2009 qui avait attiré la quasi-totalité des chefs d’Etat de la planète, dont Barack Obama, alors fraichement élu.

De son côté, la COP sur la biodiversité est une conférence qui se tient une fois tous les deux ans et semble être bien moins médiatisée. Les questions de biodiversité sont souvent perçues comme étant plus techniques ou moins immédiatement liées aux activités humaines par le grand public, ce qui peut expliquer en partie cette différence de traitement. Au même titre que le GIEC est le groupe d’expert scientifique autour des questions du climat, il existe un groupe similaire pour les enjeux liés à la biodiversité : l’IPBES, ou Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques. En publiant des rapports sur l’état de la biodiversité, ce panel de scientifiques joue un rôle prépondérant sur l’orientation des débats et des prises de décisions des différentes COP biodiversité.

On peut aussi observer cette différence de traitement entre les enjeux autour du climat et de la biodiversité à l’échelle des entreprises. Il est en effet bien plus fréquent pour une entreprise de prendre des engagements autour du climat en déclarant poursuivre un objectif à long terme de neutralité carbone que des engagements concrets autour de la biodiversité. Il est plus facilement concevable de comprendre comment une entreprise pourrait réduire ses émissions de GES puis contribuer à la neutralité carbone. La biodiversité de son côté est un concept bien plus difficilement mesurable. Cette complexité se ressent jusqu’à la façon même de la définir. Ce terme, raccourci de « diversité biologique » est apparu assez dans les années 80 en se référant à : «la variété et la variabilité de tous les organismes vivants. » Comme le rappelle France Stratégie : « La biodiversité est un élément […] pour lequel il est extrêmement difficile de faire remonter des indicateurs d’impacts chiffrés et surtout de les agréger, à l’image de la tonne de CO2. »

Néanmoins, ces dernières années, la question de la prise en compte de la biodiversité au sein des entreprises semble gagner du terrain et les cadres institutionnels se multiplient. Nous présentons ici les cadres institutionnels autour de l’impact des entreprises sur la biodiversité, et expliquons le financement de l’indicateur le plus utilisé par les entreprises pour estimer leur impact : le Global Biodiversity Score de CDC Biodiversité.

I. Les cadres institutionnels autour de la biodiversité

À la manière du GIEC et de l’Accord de Paris qui ont structuré les régimes juridiques du changement climatique en se déclinant à l’échelle européenne (Green Deal) et nationale (Stratégie Nationale Bas-Carbone), les cadres institutionnels entourant la biodiversité découlent de la Convention sur la diversité biologique et de sa dernière conférence : la COP 15 et son accord de Kunming-Montréal. Parmi ces différents cadres, on peut distinguer ceux qui fixent des objectifs collectifs (échelle macro) au niveau mondial, européen et français : les politiques et réglementations environnementales. Et, ceux qui déterminent, incitent ou obligent une publication d’informations (reporting) pour les entreprises et les institutions financières (échelle micro).

Au sein de ces cadres de publication d’informations (reporting), on distingue les cadres volontaires, comme la Taskforce on Natural-related Financial Disclosure ou le Science-Based Targets Network (SBTN) et les cadres réglementaires comme l’article 29 de la loi Energie et Climat (LEC) en droit Français, la CSRD, la SFRD et la Taxonomie en Droit de l’Union Européenne.

Cadres volontaires et règlementaires autour de la biodiversité
Cadres volontaires et règlementaires autour de la biodiversité - Source : rapport ADEME

Ainsi, les pressions normatives, législatives et volontaires relatives au reporting des entreprises et des institutions financières sur la biodiversité sont de plus en plus nombreuses. Pour répondre à ces exigences, des outils apparaissent et permettent de s’y conformer : les empreintes biodiversité.

II. Le Global Biodiversity Score de CDC Biodiversité

Comme le rappel l’ADEME, il existe un nombre croissant de méthodologies d’évaluation d’empreintes biodiversité qui abordent la question avec différents indicateurs et différentes unités métriques. Dans cette section nous nous intéressons à l’une des évaluations d'empreinte biodiversité les plus utilisées par les entreprises françaises : le Global Biodiversité Score de CDC Biodiversité.  

CDC Biodiversité a en effet posé un jalon majeur en 2020 avec le lancement du Global Biodiversity Score. Développé pendant près de cinq ans, le GBS ouvre désormais une ère nouvelle pour les entreprises pionnières déterminées à endosser un rôle crucial dans la protection de la biodiversité. Ce dispositif offre une mesure précise de leurs impacts sur la nature, pavant la voie à une stratégie de conservation authentique, performante et alignée sur les données scientifiques. Il permet ainsi de modéliser et de mesurer de manière chiffrée la contribution des activités d’une entreprise à la perte de biodiversité.

L’intérêt pour une entreprise d’avoir recours à une empreinte GBS est donc multiple :

  • Avoir une vision globale des impacts de son portefeuille sur la biodiversité
  • Nourrir et piloter sa stratégie biodiversité
  • Sensibiliser les acteurs financiers et les participations à l’enjeu d’améliorer la traçabilité des données afin de limiter au maximum l’utilisation de données génériques et de les remplacer par des données environnementales réelles
  • Et, rendre des comptes à ses parties prenantes, notamment en lien avec les attentes des cadres de reporting (article 29 LEC, CSRD, TNFD, etc.).

1) Les concepts

Concept du GBS
Concept du GBS - Source : CDC Biodiversité

Comme le montre la figure ci-dessus, l’empreinte GBS suit un certain cheminement méthodologique pour arriver à une mesure quantifiée de l’impact sur la biodiversité (tout à droite : Impact et état de la biodiversité). Pour comprendre comment cela fonctionne, nous nous attarderons à définir et décrire chaque étape du processus.

L’objectif final de l’empreinte GBS est donc de déterminer les IMPACTS des activités d’une entreprise sur la biodiversité. Ces Impacts impliquent une évaluation de l’ensemble de sa chaine de valeur.

A l’image du bilan carbone, le GBS adopte pour cela le principe de "Scope" pour délimiter les domaines d'analyse dans la chaîne de valeur. Le Scope 1 se concentre sur les activités directes. Les impacts indirects sont divisés en deux catégories : ceux liés à la production d'énergie (à l'exception des combustibles) classés dans le Scope 2. Ceux concernant les autres achats qui entrent dans le cadre du Scope 3 amont. Les impacts postérieurs à la production sont inclus dans le Scope 3 aval.

Schéma illustrant les différents scopes du GBS
Schéma illustrant les différents scopes du GBS - Source : CDC Biodiversité

2) La métrique : la MSA (Mean Species Abundance)

À la manière d’un bilan carbone qui s’appuie sur une unité métrique propre (tCO2e), l’empreinte biodiversité GBS s’appuie sur la MSA.km², l’abondance moyenne des espèces par km². La MSA est définie comme l’abondance moyenne des espèces originelles, présentes dans la situation non perturbée, par rapport à leur abondance dans les écosystèmes en situation perturbée. En d’autres termes, c’est une mesure du déclin de la biodiversité. MSA est exprimée en % caractérisant l’intégrité des écosystèmes. Les valeurs de MSA vont de 0 % à 100 %, 100 % représentant un écosystème intact non perturbé.

Ainsi, 1 MSA.km² représente le fait d’avoir converti un kilomètre carré d’un espace naturel non perturbé (par exemple une forêt vierge) en un espace totalement artificialisé et sans vie (par exemple un parking goudronné). On parle en français de kilomètres carrés artificialisés.

3) Une approche hybride selon les données disponibles

Le GBS repose sur une approche hybride, ou approche « pas à pas ».  Cela signifie que l’évaluation s’adapte en fonction de la quantité et la qualité des informations fournies par l’entreprise évaluée. L’objectif de cette approche hybride est de pouvoir s’adapter à de nombreux cas de figure : d’une entreprise avec seulement des informations financières sur ses activités à une entreprise avec des données précises et fournies sur l’ensemble de sa chaine de valeur. Deux types d’approches sont possibles : une  « approche par défaut » une « approché affinée ». Ces deux approches ne sont pas statiques, elles sont donc complètement adaptables en fonction des données disponibles.

Pour illustrer ce concept, la figure ci-dessous, issue d’un webinaire de CDC biodiversité sur leur outil est un bon exemple. On retrouve en haut de la figure les différents niveaux de précisions des données fournies : des données financières à gauche (Chiffre d’affaires/ Achat) jusqu’à l’objectif des données d’impact.

Mesure de l'empreinte GBS
Mesure de l'empreinte GBS - Source : CDC Biodiversité

L’exemple utilisé par la figure est celui d’une entreprise fictive qui vend des volailles : ChickenCrop. Les différents niveaux de précisions des données vont des simples informations financières sur le nombre de volailles vendues en euros jusqu’aux données sur les impacts écologiques des exploitations agricoles à l’origine de l’alimentation des dites volailles (en MSA.km²). Plus les données sont précises et fournies sur l’ensemble de la chaine, moins le GBS aura recours à des modèles de conversion.

Comme le montre l’exemple ci-dessus, pour chaque étape de l’empreinte, des conversions sont faites :

  • du chiffre d’affaire/ Achat au Données d’inventaires : EXIOBASE
  • des données d’inventaire au données de pressions : Outils internes (ACV)
  • des données de pressions : impacts et état de la biodiversité : GLOBIO

Pour chaque conversion, des outils spécifiques sont mobilisés :

EXIOBASE

EXIOBASE fournit des tableaux d'entrées-sorties et de ressources-emplois, permettant d'examiner de manière détaillée comment les produits et services circulent au sein des économies et entre elles, ainsi que leur impact environnemental. En offrant une vue d'ensemble des flux de biens et services, des consommations intermédiaires et finales, ainsi que des échanges internationaux, EXIOBASE permet au GBS d’évaluer les impacts environnementaux liés à la production et à la consommation.

ACV  

Les Pressions sont évaluées à partir des Inventaires grâce à des outils internes du CDC Biodiversité dont des Analyses de Cycle de vie.

GLOBIO

Le modèle vise à quantifier l'impact des pressions environnementales sur la biodiversité à travers le temps. Les relations quantitatives entre les pressions et leurs impacts sur la biodiversité sont au cœur de GLOBIO, basées sur de vastes bases de données sur la biodiversité terrestre. Les résultats obtenus avec le Global Biodiversity Score (GBS) sont exprimés en unités de MSA.km².

En d’autres termes, comme le montre la figure ci-dessous, le modèle GLOBIO va convertir les données de chacune des Pressions des activités de l’entreprise en données d’Impact sur la biodiversité dans l’unité métrique MSA.km².

Modèle du calcul GLOBIO
Modèle du calcul GLOBIO - Source : site Foresteam

4) Exemples de score GBS

Exemple 1 : filière caoutchouc

Étude de cas GBS
Étude de cas GBS - Source : site CDC Biodiversité

L’infographie ci-dessus est une fiche des résultats de l’analyse GBS d’une industrie. Ils sont exprimés en deux types de valeurs en MSA.km² : l’empreinte dynamique et l’empreinte statique. L’empreinte dynamique correspond aux gains ou pertes sur la biodiversité entre deux temporalités. Elle prend en compte l'évolution de l'impact sur la biodiversité au fil du temps. Elle inclut non seulement l'impact actuel, mais aussi les effets cumulatifs, les tendances futures et les changements potentiels dans l'utilisation des terres, les pratiques de gestion ou les pressions sur les écosystèmes et les espèces. L’empreinte statique est plus générale et prend en compte l’ensemble des impacts de l’entreprise dans son ensemble, ce sont les impacts négatifs cumulé au fil du temps.

Exemple 2 : Veolia IDF

Etude de cas Veolia IDF GBS
Etude de cas Veolia IDF GBS - Source : site CDC Biodiversité

L’exemple de Veolia Ile-de-France est particulièrement intéressant car les résultats de son empreinte GBS sur les années 2011 à 2017 montrent que son empreinte dynamique est négative : -3,07 MSA.km². Cela signifie, que l’entreprise a eu, durant la durée de sa période d’évaluation, un impact positif (« un gain ») sur la biodiversité.

Comme le montre le document, cela est lié aux activités de compensation carbone entreprises par Veolia : « L’impact dynamique lié à l’occupation des sols en Scope 1 est un gain d’environ -4,6 MSA.km² grâce aux projets de compensation carbone ».

L’impact de la compensation est beaucoup plus impactant sur les Pressions ASFEN que sur le CC, car : «  Au-delà de simples plantations d’arbres, les projets de reforestation ont pour but de générer des co-bénéfices pour la biodiversité. » . Le GBS prend donc en compte dans son analyse, au-delà de la comptabilité carbone (en tonne de CO2 eq.), les impacts liés à la biodiversité des projets de compensation (ou contribution) carbone. Dans le cas de Veolia IDF, les projets de reforestation permettent donc de stocker du carbone et ont un impact positif sur le changement d’occupation des sols (Pressions ASFEN).

III. ReSoil, développeur de projets de transition agricole qui impactent positivement le carbone et la biodiversité

1) Le premier porteur de projets en Grande Culture dans le cadre du Label bas-carbone

ReSoil développe des projets de transition agricole avec des agriculteurs partout en France, en se basant sur la méthode Grandes Cultures du Label bas-carbone. Pour cela, ReSoil effectue des diagnostics carbone avec ses agriculteurs partenaires, pour comparer les impacts sur le stockage de carbone dans les sols et sur les émissions de GES des exploitations entre 2 scénarios : les pratiques historiques mises en place sur l’exploitation au cours des 3 dernières années, et un scénario projet comportant de nouvelles pratiques agricoles régénératrices. Il s’agit de changement de forme d’engrais, d’apport de matières organiques, de réduction du travail du sol, de diversification des cultures, ou encore de maximisation de la couverture des sols. ReSoil accompagne ensuite les agriculteurs dans la mise en place de ce scénario projet, et fait labelliser ces projets par le Label bas-carbone. ReSoil permet ainsi aux entreprises engagées dans des démarches de neutralité carbone de régénérer les puits de carbone agricole sur leurs territoires, en créant un vrai lien avec l'agriculteur.

Créé par le Ministère de la Transition Ecologique en 2018, c’est le premier cadre de certification et de labellisation nationale de projets bas-carbone en France. L’objectif est d’encourager les initiatives de contribution carbone, aussi appelée compensation carbone, sur le territoire français. Le Label bas-carbone propose des projets cadrés, reposant sur des méthodes de calcul scientifiquement robustes : 1 tonne équivalent CO2 évitée ou séquestrée dans les sols correspond à 1 crédit carbone.

Mais au-delà de l’aspect comptabilité carbone, sur lequel s’appuie le système de financiarisation de la transition agricole, le LBC et plus précisément les projets agricoles au sein du LBC permettent de quantifier de nombreux co-bénéfices environnementaux.

Dans le cadre de la méthode Grandes Cultures du Label bas-carbone, on retrouve 6 indicateurs de co-bénéfices de suivi qui ont un impact quantifiable direct sur la biodiversité :

  • Réduction de la lixiviation des nitrates : les engrais azotés entrainent des fuites de nitrates dans l’eau, qui impactent négativement la qualité des eaux souterraines et de surface. Ils sont notamment responsables des phénomènes d’algues vertes sur les plages. Le changement de forme d’engrais, la réduction de leur usage ainsi que leur localisation précise sur le champ et leur enfouissement rapide permet de réduire fortement ce phénomène
  • Réductions des émissions d’ammoniac : les engrais azotés émettent également de l’ammoniac dans l’air qui est une source de pollution de l’air aux particules fines.
  • Réduction de l’usage de produits phytopharmaceutiques : correspond à l’usage des pesticides, fongicides et insecticides. La diversification des cultures permet de réduire leur usage
  • Besoin en eau de l’exploitation : la diversification des cultures permet également d’implanter des cultures moins gourmandes en eau
  • Consommation du phosphore : contribue à l’eutrophisation des cours d’eau

Pour tout projet certifié par le Label bas-carbone, ReSoil vérifie précisément l’ensemble de ces co-bénéfices, qui sont tous modélisés. Voici deux exemples de projets et des co-bénéfices qui leur sont associés.

Exemple d’une transition agricole en agriculture biologique

Co-bénéfice d'un projet ReSoil en conversion agriculture biologique
Co-bénéfice d'un projet ReSoil en conversion bio

Exemple d’une transition vers l’agriculture régénératrice

Co-bénéfice d'un projet ReSoil en l’agriculture régénératrice
Co-bénéfice d'un projet ReSoil en l’agriculture régénératrice

2) Une expertise sur la mesure des pressions dans le cadre d’empreinte biodiversité

Au-delà de son rôle de porteur de projet de transition agricole Label bas-carbone, ReSoil permet aux entreprises agroalimentaires de mesurer, suivre et réduire leur empreinte carbone liée à l’amont agricole, mais donc également leur impact sur la biodiversité et sur les ressources naturelles, via la mesure des Pressions et des Impacts des exploitations agricoles fournisseurs

Dans le cadre du GBS, les données sur les Pressions et ses Impacts constituent le niveau maximal de précision nécessaire pour réaliser une évaluation empreinte fidèle et intègre. Dans le cas d’une entreprise agroalimentaire, ReSoil peut évaluer précisément l’impact des exploitations associées à sa chaine de valeur pour réaliser des diagnostics et déterminer avec justesse les Pressions exercé sur le changement climatique (GES) et sur la biodiversité.

IV. L’initiative des crédits biodiversité, une piste à creuser pour les années à venir

Depuis la Cop 15 et l'adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (CMBKM), des initiatives ont commencé à émerger afin de permettre aux entreprises de contribuer activement à la restauration de la biodiversité.

Au-delà des outils de mesure, comme le GBS, qui leur permettent de mesurer et d’évaluer l’impact de leurs activités sur la biodiversité, il n’y a pas de véritables options de financement de la biodiversité. À la manière des crédits carbone, qui permettent à une entreprise de contribuer à la neutralité à hauteur de ses émissions incompressibles, des initiatives similaires émergent autour des crédits biodiversité. Elles cherchent en effet à compenser les dommages qu'elles peuvent causer, ou à respecter des engagements plus larges en matière de responsabilité d'entreprise.

En complément de la demande du secteur privé, l'intérêt pour les crédits biodiversité s'est manifesté aux plus hauts niveaux politiques. En effet, sous l’impulsion du président Macron, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) ou Global Environment Facility a rédigé un rapport sur les « opportunités et défis pour les crédits carbone à impact biodiversité et les certificats de nature ». L’objectif est de présenter en 10 recommandations des propositions afin d’implémenter ces crédits biodiversité. Il y a en effet un besoin de faire converger ces processus et approches vers un ensemble d'approches convenues pour développer et régir les marchés à haute intégrité de manière à relever les principaux défis en matière de conception.

La France et le Royaume-Uni se proposent d'apporter leur soutien à ce défi partagé en initiant une démarche ouverte et participative. En collaborant avec d'autres nations et acteurs majeurs, et en capitalisant sur les initiatives et processus déjà en place, ils visent à renforcer l'emploi des crédits carbone bénéfiques pour la biodiversité et des certificats de biodiversité. Leur objectif est de structurer efficacement les marchés de crédits de biodiversité pour garantir des bénéfices concrets, justes et favorables à l'environnement.

Des éléments concrets autour de ces initiatives devraient voir le jour à la prochaine COP biodiversité, la COP 16 à Cali en octobre 2024.

En conclusion

Actuellement, le financement global dédié à la conservation de la biodiversité atteint 50 milliards de dollars annuellement, avec trois quarts de ce montant provenant de fonds publics. Toutefois, les estimations minimales des besoins financiers pour une conservation efficace de la biodiversité s'élèvent à 150 milliards de dollars par an. Par conséquent, la participation active du secteur privé devient cruciale pour combler cet écart financier. Le secteur privé, contribuant à environ 60 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial, doit jouer un rôle majeur. En investissant dans des initiatives de transition agricole, les entreprises non seulement s'alignent sur leurs objectifs environnementaux, notamment en matière de neutralité carbone, mais elles répondent également à leurs obligations légales concernant la conservation de la biodiversité.

Pour découvrir les différents projets de transition de nos agriculteurs partenaires , c'est par ici